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Auto-entrepreneur, un statut rêvé pour l'exploitation des travailleurs ?

Le statut d'auto-entrepreneur est aujourd'hui détourné de son rôle initial, pour remplacer peut-être au final le traditionnel salariat. Désormais, il ne s'agit plus de dynamiser la liberté d'entreprendre pour tout un chacun, mais bien de servir du mieux possible la flexibilité, le nouvel impératif des sociétés modernes.

L'auto-entrepreneuriat et la fin des protections contractuelles du salariat

Piège de l'auto-entrepreneuriat Le statut d'auto-entrepreneur, ou micro-entrepreneur comme il a été rebaptisé sans trop d'originalité en 2016, est un bon tremplin pour celle et celui qui souhaite entreprendre sans trop s'engager.

Le statut permet en effet d'essayer son idée et de mesurer les risques avant de se lancer à échelle réelle si l'expérience est positive.

Mais attention ! le statut n'est pas exempt d'effets pervers ! Le risque de remplacer le salariat par des travailleurs supposément indépendants, corvéables à merci est bien réel..

Coup d'oeilDepuis que les politiques louent le dieu "flexibilité" comme solution miracle au chômage, la casse du salariat et de ses maigres protections gagnées de chaudes luttes se profile distinctement. Le risque de transformer toute une couche de la population en travailleurs corvéables à merci se concrétise plus rapidement que prévu. L'ubérisation est aussi passé par là.
Pour mieux éclairer le propos, ci-après deux situation réelles de parcours d'auto-entrepreneur. sSeuls les prénoms ont été changés.

Auto-entrepreneur exploité, deux exemples typiques

Histoire de Daniel, pas facile de monnayer une expérience passée

Daniel, après vingt-cinq ans passés au sein du service achats d'une multinationale, était persuadé que les PME seraient friandes de ses compétences et de sa riche expérience. Il est tombé de haut en découvrant que ses acquis étaient totalement inutiles.

Les PME fonctionnent d'une manière totalement différente. Son passé au sein d'une grande entreprise bien structurée, où les services sont hermétiquement cloisonnés, se révéla un véritable handicap pour assister des entreprises de petites tailles où la définition des postes est moins rigoureuse et les relations plus informelles.

Pourquoi exiger des notes écrites officialisées par la ligne hiérarchique, quand tout a déjà été réglé au détour d'un couloir un café à la main ?
Daniel n'était vraiment pas à sa place, la petite entreprise qui avait accepté sa prestation, impressionnée par le nom de son employeur précédent, a tôt fait de le remercier.

Histoire de Sandrine, quand on veut se mettre au vert sans perdre son emploi

Le cas de Sandrine est un peu différent. Elle s'est lancée en freelance avec le statut d'auto-entrepreneur sur proposition de son employeur, un ami. Enfin, à l'époque c'était un ami car depuis les relations se sont tendues.

Souhaitant se mettre un peu au vert, son ex-employeur avait promis de lui sous-traiter une bonne part de son activité. C'était un ami, ils n'avaient donc rien écrit.

Une fois son nouveau statut en règle, elle a pu vérifier la justesse de l'adage :

"les promesses n'engagent que ceux qui y croient"
. Elle a ainsi découvert que son ancien employeur comptait l'utiliser comme bouche-trou.

Une fois débarrassé du contrat de travail, il l'utiliserait comme les fermiers exploitaient les journaliers : (mal) payés à la tâche, sans vacances ni indemnités, ni droits aucun. Humiliée, mortifiée, ulcérée, elle a évidemment rompu toute relation avec cet exploiteur.

Depuis, tout comme Daniel, elle court après les petits boulots et additionne les petits revenus, elle prend tout ce que l'on lui propose, corvéable à merci dit-on.
C'est une vie ça ?
C'est pourtant ainsi que vivent bien des indépendants.

Morale de l'histoire

Eh oui! le statut d'auto-entrepreneur est une bonne idée de simplification administrative et financière pour se mettre à son compte, encore faut-il prévoir ses arrières, anticiper dirions-nous.
On ne se met pas à son compte parce que l'on ne trouve pas de job ou pire encore parce que l'employeur l'exige (esclavagiste va !).
On se met à son compte pour une seule raison : parce que on en a décidé ainsi !.

On a un projet, il est bien ficelé et on souhaite le concrétiser (business plan et business model). On choisi le statut de micro entrepreneur parce que c'est le plus simple pour démarrer et tester la faisabilité de son idée.

En effet les formalité sont simples, la comptabilité quasi inexistantes et les contributions sociales sont proportionnelles aux gains et non systématiquement dues comme pour tous les autres statuts d'indépendant.
Si l'idée fonctionne, on peut la transformer. Dans le cas contraire on n'a rien perdu, même pas du temps puisque l'on a acquis de l'expérience.

Redécouvrir les coopératives pour échapper à "Uber"

Depuis, la problématique s'est encore plus accentuée avec l'expansion du phénomène "Uber" et le principe de soumission à des "plates-formes" déshumanisées aux règles draconiennes. Le chômage massif est en effet au service des "applis" et la déshumanisation des relations de travail atteint un paroxysme. L'ordre imposé par un algorithme nous plonge au coeur même des pires récits de science-fiction dystopiques.

Il est temps de redécouvrir et de largement diffuser le principe des coopératives et de l'autogestion pour marquer un stop au développement d'une servitude qui n'est plus nécessairement si volontaire que cela.

Truc de proIl existe des expériences d'applis coopératives, elles sont à suivre de près, voir notamment coopcycle.org, c'est un exemple.

Être son propre patron

Chercher à se débarrasser d'un statut de salarié un peu pesant pour retrouver quelques degrés de liberté est parfaitement légitime. L'envie d'exercer son activité comme on le souhaite et d'exploiter au mieux ses compétences loin de la loi du chiffre de l'entreprise est tout à fait compréhensible.
Attention toutefois de ne pas tomber dans le piège du client unique et exigeant par principe.
C'est pire encore que le salariat. Pour mieux comprendre, voici un dialogue entre un récent auto-entrepreneur et un ami...

Humour auto-entrepreneur heureux

- Ça y est, je me lance à mon compte, j'ai pris le statut d'auto-entrepreneur et... Hop ! Plus de patron !
- En es-tu vraiment sûr ?
- Ha ! ha ! Tu m'étonnes ! Le patron, c'est moi maintenant, c'est bibi qui commande !
- Mais t'as un client ?
- je commence avec mon ancien patron, on a un accord, il me passe un bon volant d'affaires, c'est ce qu'on a prévu.
- Tu n'as pas de contrat ?
- Mais non ! Je suis libre, je ne suis plus salarié, t'as pas compris...
- Oh que si j'ai compris ! Mais s'il trouve un prestataire moins cher que toi, tu t'imagines qu'il va te garder ?
- Alors là, il faudrait déjà qu'il le trouve ! J'ai vraiment cassé les prix pour me lancer. De toute façon, c'est le boulot que j'avais quand j'étais dans la boîte, donc je le connais super bien. Il aurait vraiment du mal à me remplacer...
- Donc, tu n'as plus aucune marge de manoeuvre. Bon récapitulons. Si je comprends bien, tu fais le même boulot qu'avant, mais tu n'as plus les garanties et avantages du contrat de travail, comme la paye à la fin du mois, les week-end assurés, les vacances, les heures supplémentaires, la mutuelle et j'en passe...
- Tu n'as vraiment rien compris, c'est juste pour commencer !
- Ne te fâche pas mais, si, j'ai tout compris. Et fais gaffe, on trouve toujours un prestataire moins cher, c'est la loi du marché.

L'auto-entrepreneur est un bon statut pour se lancer en solo, n'en doutons pas. Encore faut-il avoir choisi soi-même de se lancer et avoir bien préparé son projet. Ainsi, on ne peut pas compter sur un seul client, surtout s'il s'agit de son ancien employeur.

Et surtout, ne jamais perdre de vue que :
  • 1) L'échec est toujours possible si le projet n'est pas soigneusement préparé.
  • 2) La casse organisée du salariat pour un esclavage moderne, ce n'est pas une fiction.

L’auteur

Alain FernandezAlain Fernandez est un spécialiste de la mesure de la performance et de l’aide à la décision. Au fil de ces vingt dernières années, il a accompagné nombre d'entreprise en France et à l'International. Il est l'auteur de plusieurs livres publiés aux Éditions Eyrolles consacrés à ce thème et connexes, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires et régulièrement réédités.
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