La Gouvernance du SI, vous y croyez vous ?
Gouvernance et vendeurs de craques professionnels

La gouvernance du système d'information ou IT Governance, est un concept né dans la mouvance de la
"Gouvernance d'entreprise". Elle est censé garantir un pilotage aux "petits oignons" du Système d'Information en accord avec la
stratégie de l'entreprise et toutes les parties prenantes. C'est d'ailleurs dans cette dernière partie de la phrase que se situe la nouveauté.
Aligner les technologies sur la stratégie d'entreprise, on en parle depuis déjà pas mal de temps. Si le thème, désormais rebaptisé et restructuré en gouvernance du si, semble devenir la préoccupation du moment, c'est tout simplement parce que l'enjeu est désormais plus que jamais crucial.
Mais qu'en est-il exactement ?
Une transformation radicale
En théorie, la IT gouvernance est un projet d'importance radicale, une véritable transformation des principes de fonctionnement impliquant l'ensemble des décideurs. En pratique, le changement est un peu plus modéré. Pour ses plus fervents supporters, la mutation actuelle consisterait essentiellement en un changement de
rôle de la DSI. Oubliant au passage les autres décideurs, managers et dirigeants.
Analysons une proposition d'offre de services type. Elle introduit le thème ainsi
" Avec la logique de la gouvernance des systèmes d'information, le service informatique n'est plus un simple fournisseur de services en soutien logistique mais bien un élément-clé du développement de l'entreprise. Notre objectif est d'aider la DSI à en prendre conscience et de lui en fournir les moyens".
Le SI, l'épine dorsale de l'entreprise numérique
C'est vrai pour la première partie de la citation,
"le service informatique ne doit plus être qu'un simple fournisseur de services", mais le constat n'est pas nouveau (voir la note 1). D'autre part, que le système d'information constitue l'épine dorsale de l'entreprise intégrée et des projets stratégiques, les DSI ne sont pas à convaincre. Si pour beaucoup d'entreprises, la DSI est toujours considérée comme un
centre de coûts, c'est bien parce que leurs dirigeants n'ont pas encore compris l'importance de l'intégration des technologies. En laissant le total pouvoir au couperet du DAF (Directeur Administratif et Financier), véritable castrateur d'ambitions, ils compromettent le développement dans la durée de l'entreprise et laissent échapper les avantages concurrentiels à portée de main (voir la note 2).
A croire que le paradoxe de Robert Solow qui en 1987 ne voyait pas les apports des technologies dans les statistiques de la productivité n’est pas encore relégué aux oubliettes. Pas facile d’entreprendre l’indispensable
transformation numérique si l’on pense encore et paradoxalement que l’informatique est un mal nécessaire, donc un centre de coût... Selon
une étude commandée par Citrix, source CIO Online,
"En 2019, quatre DSI sur cinq travaillent dans des entreprises pour lesquelles l'IT est un centre de coût".
Il ne faut guère chercher plus avant les explications au manque d'ambition des projets technologiques.
"Tu me réveilleras lorsque l'on abordera la question du coût... "
Donc pas de secret pour la
IT gouvernance. Il Faut s'impliquer et tous les échelons de l'entreprise sont concernés. C'est la Condition sine qua non.
Mais pour s'impliquer, encore faut il se sentir concerné.
Et comment pourrait-on se sentir concerné lorsque l'on ne comprend absolument rien aux propos échangés ?
Il est en effet indispensable de connaître un tant soit peu les technologies à mettre en oeuvre qui, une fois bien utilisées, permettront à l'entreprise de gagner des parts de marché dans un contexte concurrentiel. Oon ne peut pas s'en tenir à un simple vernis. Les investissements en terme de budgets et de mobilisation des ressources sont conséquents. Les implications des choix initiaux le sont tout autant.
A un moment donné il faut bien prêter l'oreille et entrer un peu dans le coeur de la question pour en capter le sens et ainsi en saisir les principes et les usages.
C'est loin d'être évident.
Une question de "snobisme"
Les seuls stimuli qui réveillent l'attention des exécutifs sont les mots : "coût" et "rentabilité". Á l'écoute du mot "délai", ils ouvrent tout de même un oeil...;-)
Encore aujourd'hui, paradoxalement, les managers, dirigeants ou responsables fonctionnels, éprouvent un certain snobisme à se tenir à distance des technologies.
Systématiquement, ils ferment les écoutilles dès que la conversation dévie un tant soit peu vers la mécanique de la chose.
Seuls des mots comme
"budget", "coûts", "délais" les tirent de leur torpeur...
Quant aux technophiles, ils prennent un certain plaisir à émailler leurs discours de termes pour le moins abscons, pas toujours utiles. Histoire de bétonner un peu plus les cloisons.
Bref, on ne s'en sort pas.
Pourtant, dès que l'on prend soin de les expliquer en terme de principe et d'usage, et avec un peu d'attention, les technologies de l'information, quelles qu'elles soient, ne sont pas bien compliquées. Il n'est pas bien difficile d'éviter les termes trop techniques pour expliquer le rôle et le fonctionnement de solutions comme un ERP ou un CRM pour ne citer que ceux-ci.
L'ouvrage "Le bon usage des technologies expliqué au manager" publié aux Editions d'Organisation il y a déjà quelques années, s'efforçait de résoudre cet obstacle. Dans ce livre, le système d'information et ses constituants sont présentés et expliqués exclusivement en termes de principe et d'usage, compréhensibles par tous. Ce site portail piloter.org est d'ailleurs dans le même esprit.
Et cpmment faisait-on avant Internet ?
(1) Une expérience personnelle : Au début des années 80, je concevais des logiciels de pilotage pour systèmes automatisés. J'ai participé à la conception du centre de préparation de commandes entièrement automatique de Benetton Trevise, Italie (transtockeur, machine de tri, préparateur de commandes...).
Le groupe avait alors mis en place une organisation particulièrement avant-gardiste essentiellement fondée sur l'utilisation des technologies de l'information que l'on ne dénommait pas encore ainsi. Benetton collectait déjà directement des informations au sein même des caisses enregistreuses des boutiques de vente. L'internet n'existait pas, on utilisait à cette époque les réseaux de type Transpac et X25. Ainsi connectés, ils pouvaient évaluer et géolocaliser en temps réel et au plus précis les tendances vestimentaires, que ce soient les couleurs à succès pour un secteur donné, les modèles, les formes, les longueurs préférées des clientes...
À la même époque, Les responsables de Benetton avaient aussi opté pour la mise en place une structure globale organisationnelle fondée sur la flexibilité de la gestion des sources d'approvisionnement en fonction de la demande. La règle était simple : une méga accélération de l'ensemble des cycles de bout en bout de la chaîne client fournisseur. A noter, les Benetton bro's participaient en personne aux principales réunions d'orientation de ce projet ambitieux piloté pour la partie industrielle par Comau (filiale robotique de Fiat) Turin (Italie). Ce fut une expérience assez passionnante (à chacun ses passions...).
(2) Combien de fois a-t-on entendu par le passé le propos : "L'informatique est un mal nécessaire". C'est vrai aussi heureusement, plus personne ne se risque à le prononcer aujourd'hui. Pourtant j'ai la fâcheuse impression qu'ils sont encore nombreux à le penser. Sans le dire...
L’auteur
Alain Fernandez est un spécialiste de la mesure de la performance et de l’aide à la décision. Au fil de ces vingt dernières années, il a conduit et accompagné de nombreux projets d'entreprise en France et à l'International. Il est l'auteur de plusieurs livres publiés aux Éditions Eyrolles consacrés à ce thème et connexes, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires et régulièrement réédités.
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Le projet Business Intelligence clés en main
Alain Fernandez
Editions Eyrolles
6
ème édition
495 pages 35 Euros
Téléchargez le dossier pdfLes thèmes de ce dossier sont méthodiquement développés dans cet ouvrage.
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Alain Fernandez
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