Prendre une décision difficile: la méthode
Prendre une décision difficile c'est parfois se retrouver face au dilemme : choisir entre la peste et le choléra. Soit on fuit la décision et l'on sera tenu d'assumer toutes les conséquences de sa dérobade, soit on tente de remonter en amont pour changer les conditions qui nous on conduit dans cette impasse décisionnelle. La méthode : Briser les règles en quelque sorte.
Quand il faut décider et qu'aucune des options ne convient
Pourquoi faudrait-il choisir entre la peste et le choléra ?
Soupeser les éléments, juger des avantages et des inconvénients, puis choisir et s'engager définitivement en espérant ne pas s'être trop planté, ce n'est pas chose aisée. (cf
Le décideur face à son dilemme)
Mais que dire lorsque la prise de décision est encore plus difficile, que les avantages à comparer se réduisent à la portion congrue, lorsque le choix se limite non pas à rechercher la meilleure alternative, mais bien la moins pire ?
Choisir entre la peste et le choléra, dit-on. La difficulté est là à son paroxysme. Quelle perspective !
Et ce n'est pas la peine de compter sur la petite poussée d'adrénaline préalable à l'action qui généralement incite à décider. L'enthousiasme ne sera pas au rendez-vous.
Alors que faire ? Se mettre une pince à linge sur le nez et, à l'estime, opter pour ce que l'on suppose le moindre mal même si l'on sait que l'on devra en subir les conséquences ?
N'existe-t-il pas une autre piste pour prendre une décision difficile de cet ordre, une troisième voie ?
Eh bien oui ! Cette troisième voie existe : briser les règles et c'est la bonne méthode. Voyons comment.
Face au dilemme décisionnel, redéfinir les règles est la bonne méthode
Pourtant, il existe bien plus souvent que l'on ne le suppose une troisième voie pour prendre une décision difficile. Seulement, elle reste totalement invisible lorsque l'on a la tête dans le sac, aux prises avec le dilemme suscité.
Il est peut-être en effet possible de ne pas choisir et d'élargir le périmètre de la réflexion aux conditions qui nous ont conduits à ce dilemme insoluble.
Bien que radicale au premier regard, il s'agit cependant d'une démarche active et constructive.
Comment faire ? la méthode
Déjà, il importe dans un premier temps de refuser la situation présentée.
Mais attention !Il ne faut surtout pas en rester là !
Si vous fuyez vos responsabilités, les évènements (ou d'autres collègues) prendront la décision à votre place et ça ne sera pas à votre avantage.
Refuser la situation décisionnelle insoluble en apparence, ce n'est pas pour s'enfermer dans sa coquille et laisser passer l'orage.
Au contraire, si on refuse les
règles de ce jeu perdant-perdant c'est pour se donner le temps de prendre du recul afin d'adopter une vision plus globale, plus enveloppante du thème de réflexion.
Question : Comment en sommes-nous arrivés à ce cul-de-sac ?
Voilà la question qui mérite une réponse.
Pour parvenir à apporter quelques éléments de réponse, il faudra nécessairement dérouler l'écheveau des évènements et des décisions prises ou non prises à la légère qui nous ont conduits à ce dilemme. C'est souvent ainsi que l'on parvient à trouver la troisième voie. Elle se dessinait avant ce cul-de-sac.
Le marché de dupes, quand les collègues ou le n+1 vous mettent sous pression
C'est en ce sens que l'on brise les règles imposées et que l'on parvient à décider correctement dans la difficulté. C'est encore plus vrai lorsque l'on est l'objet d'un marché de dupes.
Explication : Quelques collègues, mal intentionnés et sans foi ni loi dans cette absurde compétition individuelle, ont pu vous entraîner dans un cul-de-sac décisionnel. Aidés par la pression du temps, ils laissent grimper le thermomètre du stress jusqu'à l'ébullition pour vous pousser à décider en leur sens.
Remarque : Votre n+1, en quête d'extension de pouvoir, peut aussi être tenter de vous acculer à opter pour un choix qui ne vous sied guère.
Solution : La technique pour prendre une décision difficile de cet ordre est toujours la même: éviter d'être coincé entre le marteau et l'enclume et s'accorder le recul suffisant pour apprécier la situation dans toutes ses dimensions. Les ambitions à peine voilées des autres protagonistes seront plus évidentes.
Solution : Briser les règles !
J'emprunte cette expression au titre d'un très bon livre de management écrit il y a déjà une bonne vingtaine d'années par Marcus Buckingham et Curt Coffmann sur un thème connexe
"First, break all the rules". Un titre curieusement traduit en français par
"Manager contre vents et marées", sans trop de rapport avec le thème du livre. Éditions Pearson. Je n'ai pas l'explication de cette euphémisation du titre original de ce best-seller pourtant aisément traduisible.
Quoi qu'il en soit cette idée de briser les règles pour parvenir à prendre une décision difficile n'est d'ailleurs pas une nouveauté des préoccupations humaines. Les légendes et la mythologie sont là pour le rappeler.
Un premier exemple de décision de rupture : le nœud gordien
Selon la légende, le célèbre roi Alexandre avait d'un coup d'épée tranché le nœud inextricable qui reliait le joug au timon d'un char. Selon la légende, celui qui parviendrait à défaire ce nœud impossible deviendrait le maître de l'Asie. Alexandre n'a pas suivi la règle implicite généralement admise de défaire le nœud à la main. Il a préféré le dénouer du tranchant de son épée. À lire, une bonne explication sur le site
Université de Genève.
Un deuxième exemple de décision de rupture: l'œuf de Colomb
Au cours d'un diner, un convive déprécia publiquement la découverte d'une nouvelle route pour accéder aux Indes (en fait le Nouveau Monde) d'une formule teintée de mépris :
"Il suffisait d'y penser !".
Christophe Colomb se fit apporter un œuf depuis la cuisine. Il proposa à son gloseur de tenter de faire tenir l'œuf verticalement sur la table. Après plusieurs essais, celui-ci estima que c'était impossible. Christophe Colomb lui prit l'œuf des mains et en écrasa la pointe pour le faire tenir.
"Il suffisait d'y penser" conclut Christophe Colomb mettant ainsi un terme à sa magistrale démonstration.
Un troisième exemple de décision de rupture: Les points à relier sans lever le crayon
Vous connaissez sûrement ce jeu où il s'agit de relier ensemble tous les points sans au grand jamais lever le crayon.
Simple non ?
Et pourtant on y parvient pas du premier coup et ni du deuxième. L'exercice est bien plus difficile qu'on ne le pense au premier abord. Pourquoi ?
Parce que l'on s'invente des règles qui n'existent pas.
L'interdiction d'ajouter des points n'est mentionnée nulle part. C'est nous qui l'avons inventé et ajouté de ce fait une difficulté qui n'existait pas. C'est pourtant la seule solution pour accomplir cet exercice. Il suffit en effet de créer deux points fictifs à l'extérieur, ici le premier en bas à gauche et le second en haut à droite de la figure, pour résoudre aisément cette énigme.
Conseil : Quand les règles sont arbitraires ou imaginaires
Trop souvent, on se fixe nous-mêmes nos propres limites en inventant des règles totalement arbitraires qui rendent la prise de décision encore plus difficile. C'est ce que démontrent ces trois exemples pour conclure cette étude.
Briser les règles pour prendre une décision difficile n'est pas nécessairement un acte de rupture. C'est au contraire une démarche constructive fondamentale pour accéder à la libération de l'imagination.
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Alain Fernandez a formé au cours de sa carrière un bon nombre de managers et de futurs entrepreneurs. Il est l'auteur de plusieurs livres d'autoformation publiés aux Éditions Eyrolles, vendus à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires et régulièrement réédités. Il offre sur le site www.piloter.org plusieurs ebooks gratuits.
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- Le manager, le robot et la prise de décision
Le rôle du manager c'est de prend des décisions, c'est un fait. Est-ce qu'un robot équipé d'une intelligence artificielle sera-t-il capable de prendre lui aussi voire mieux les indispensables décisions ? C'est ce que croient tous ceux qui se fondent sur le modèle de l'Homo oeconomicus...
- Comment déléguer, la bonne recette !
Dans l'entreprise il faut déléguer... C'est une évidence... Mais c'est quoi déléguer ? S'agit-il de charger le collaborateur d'assumer toute la responsabilité des décisions qui ont été prises pour lui. Autrement dit, s'agit-il de le contraindre à tenir le clou mais pas le marteau ?
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Pour mieux comprendre les subtilités du processus de décision dans l'entreprise, il est nécessaire de recourir à une modélisation. Les quatre modèles décisionnels présentés ici sont bien utiles pour mieux aborder la question de l'aide à la décision que peut apporter un système de Business Intelligence.
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