Peter Drucker, la référence inoxydable des moeurs et pratiques du management proposait une modélisation du processus de la prise de décision en 6 étapes. Au fil de ses conférences et écrits, il identifia les 8 bonnes pratiques des décideurs efficaces. Il est intéressant de les étudier afin de s'améliorer et de bâtir ses propres outils. Nous sommes toujours seuls face à la décision, autant ne pas être pris au dépourvu.
Les théories et pratiques de Peter Drucker
Tant qu'une décision n'est pas mise en oeuvre, elle n'est pas une décision, au mieux elle n'est qu'une bonne intention. Peter Drucker
Les 6 stades de la décision selon Peter Drucker
Catégoriser le problème : générique ou exceptionnel ?
Bien évidemment, en temps d'incertitudes, les problèmes exceptionnels ne sont plus exceptionnels dans le sens où le décideur est plus que jamais aux prises avec des situations jamais rencontrées.
Définir le problème.
Encore faut-il déjà l'avoir bien identifié afin d'en apprécier la portée, le périmètre et les interconnexions.
Spécifier les réponses au problème, quelles en sont les limites ?
Quels sont les objectifs visés ?
Quels sont les buts minimums ?
Quelles conditions doit-elle satisfaire ?
Décider ce qui est "juste" plutôt que ce qui est "acceptable".
Autrement dit on ne se contente pas de pis-aller...
Inclure dans la construction de la décision les actions nécessaires pour la mettre en oeuvre.
Qui est concerné par la décision ?
Quelles actions doivent être entreprises ?
Qui doit les entreprendre ?
Comment faire pour convaincre les opposants ?
Vérifier la faisabilité et l'efficacité de la décision vis-à-vis du cours actuel des événements.
Un auto-contrôle continu s'impose, c'est là où l'on mesure l'importance de disposer d'un tableau de bord composé d'indicateurs judicieusement choisis pour évaluer le progrès des actions et juger en connaissance de cause s'il faut les renouveler ou les renforcer...
La citation suivante s'inspire d'un article de 1995, plus de 20 ans mais toujours d'actualité, en France comme ailleurs...
Un bon management doit être orienté vers le futur et non vers le passé. Pour se faire, les décideurs ont besoin d'un système d'aide au pilotage intégré avec la stratégie plutôt qu'une collection d'outils individuels qui ne font qu'enregistrer le passé. Ces outils archaïques et trompeurs sont malheureusement les plus largement utilisés. D'après Peter Drucker Information Executives Truly Need, Harvard Business Review
Poursuivons avec une seconde liste orientée efficacité du manager.
Les 8 bonnes pratiques des décideurs efficaces
1) Les décideurs efficaces questionnent : que faut-il faire ?
Le manager efficace interroge et s'interroge, c'est ce qui le différencie du manager rond de cuir qui évite maladivement de poser ou de se poser des questions.
2) Ils questionnent encore : qu'est-ce qui est bon et juste pour l'entreprise ?
Mais cette interrogation est nécessairement orientée
3) Ils développent les plans d'action
Cette interrogation est impérativement concrète
4) Ils prennent leurs responsabilités vis-à-vis des décisions
Il s'agit de s'engager ouvertement...
5) Ils prennent leurs responsabilités vis-à-vis de la communication
...et de le faire savoir.
6) Ils se focalisent sur les opportunités et non sur les problèmes
Ils construisent donc et ne se contentent pas de réparer.
7) Ils animent des réunions productives
Une évidence pour un manager.
8) Ils disent "Nous" plutôt que "Je"
Une équipe c'est un tout pas qu'un seul individu.
Enfin, un conseil à connaître et à mettre en action...
Les "faits" ne sont jamais le point de départ
Dès 1973 (in Management: Tasks, Responsibilities, Practices), Peter Drucker expliquait que le déclencheur de la décision, ce ne sont pas les "faits" mais bien les opinions. La bonne décision est le fruit de la confrontation d'opinions divergentes et l'analyse sérieuse des différentes alternatives en concurrence. Ensuite seulement, on analyse les faits pour tester l'hypothèse. On se souviendra de ce raisonnement de bon sens avant de se lancer la fleur au fusil dans le projet "Big Data"